Carnet de Voyage en Touraine de Jean-Marie LACLAVETINE, écrivain, et Jean-Luc CHAPIN, photographe. Deux amis.

Rencontre avec Jean-Marie LACLAVETINE, pour son livre "Au pays des fainéants sublimes. Voyage en Touraine avec un ami photographe".



PHOTO JEAN-LUC CHAPIN. Reproduction interdite.

"Il est facile d'expliquer pourquoi on aime le Vercors, la Bretagne, le pays basque, la Corse, paysages virils et puissants : ils en imposent, ils roulent leurs biceps de névés, de garrigues ou de houles, ils vous en mettent plein les yeux. Mais la Touraine ? Ces vallonnements paresseux, ce fleuve indolent, ces coteaux de craie. On y oublie tout, disait Balzac : "je pardonne bien aux habitants d'être bêtes, ils sont si heureux !" Mais la nature de ce bonheur ? Ce n'est certainement pas le bonheur étriqué, calculé, étouffé par le mesquin bourgeois qui pour beaucoup caractérise la province. C'est un bonheur furtif et secret comme les reflets du fleuve dans les boires* et les bras morts, les mousses lumineuses qui gagnent les sables à l'étiage, un bonheur bouillonnant à l'insu du monde comme le moût d'octobre dans la pénombre des caves de tuffeau, un bonheur puissant et calme, gonflé d'ivresses passées et à venir. Il m'aura fallu du temps pour m'acclimater à ces lieux, tellement de temps pour comprendre ce que j'aime ici, et combien je l'aime. L'amour est lent, c'est un travail."JmL, p137. *Boire : Dans le cours inférieur de la Loire petit golfe formé par le fleuve (cf. VIDAL DE LA BLACHE, Tabl. de la géogr. de la France, 1908, p. 166).TLF.

"Rabelais plane comme un nuage dodu au-dessus de nous."JmL

Déambulation du 'Champ des livres' à travers cette "descente au paradis", ouvrage qui mêle photographies, "travail en argentique exclusivement", et écriture. Drogués des châteaux de la Loire, passez votre chemin. Et que cette traversée vous aiguise l'envie de découvrir les écrivains, les jardiniers, les vignerons, les cultivateurs, les hommes et les femmes de la Loire , de la Touraine et les photos de Jean-Luc Chapin à l'hôtel Goüin de Tours (rue du Commerce) jusqu'au 31 décembre. Cliquer ICI.

" … Sa première grande émotion photographique fut celle de Stonehenge vu par Bill Brandt. Il faut le voir tourner lentement autour du dolmen en le fixant intensément, comme un torero. Voir est un art, et la photographie un sport de combat." Ainsi JmL décrit-il son ami photographe, p116. Pour Bill Brandt cliquer ICI.

"Rien n'est plus fantastique que la réalité." Jean Cassou


PHOTO JEAN-LUC CHAPIN. Reproduction interdite.

"La Loire est toujours près de moi. Je la contemple l'hiver quand elle s'ébroue dans ses draps de brume ; j'y patauge l'été dés l'aube ; je pressens ses humeurs, ses fatigues ; je la respire, je la scrute, je lui parle : je l'aime. Je sais l'attendre sans soupirer, la guetter au matin, accepter ses caprices et ses rebuffades, je sais l'espérer, la regarder longtemps coiffer ses tresses de sable, et accepter quelle ne se laisse jamais saisir.

Elle nous entoure, elle nous avale, elle nous dépasse, elle nous échappe. Farouche, imprévisible, tour à tour sombre et lucide, cavaleuse, langoureuse, agressive, resserrée dans un corset de gorges criardes ou étirant mollement son ennui de vaste vallée, maussade ou capricante, vaporeuse ou crispée, elle en fait trop, elle nous fatigue, elle nous a au charme et au sentiment, en un mot elle exagère." JmL


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"J'ai lu dans un livre de Bertrand Lacarelle, que la tombe de Jacques Vaché ("l'homme que j'ai le plus aimé au monde", disait André Breton) se trouve au cimetière de Montlouis. Ce jeune écrivain qui n'a rien écrit, sinon quelques lettres à Breton ou à des amis, mort à vingt-trois ans en 1919 d'une surdose d'opium, a paradoxalement joué un rôle essentiel dans l'histoire du surréalisme. " Je m'en rapporte à vous pour préparer les voies de ce Dieu décevant, ricaneur un peu, et terrible en tout cas. Comme ce sera drôle, voyez-vous, ce vrai ESPRIT NOUVEAU se déchaîne", écrit-il dans sa dernière lettre à Breton…"JmL, p109. Pour Jacques Vaché, Cliquer ICI.

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"L'automne est en Touraine la plus belle saison, celle où la lumière liquide fait resplendir le moindre brin d'herbe et découpe les silhouettes avec une netteté hyperréaliste qui inspire un fort sentiment de présence au monde." JmL, p 56.